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Place Oberdan à Trieste
« C'était hier, pendant ma promenade sur l'ancienne route de Contovel qui traverse la forêt, dans la partie plate qui précède la montée, exempte ces jours-ci de toute circulation automobile pour cause de chaussée défoncée. Cette promenade en pente douce le long d'une allée d'arbres dont les cimes se rejoignent en un arc gothique est un tunnel de verdure bienveillant.[...] Habituellement, ce trajet est pour moi une préparation au départ en montagne plus qu'une simple marche [...] Hier pourtant, ce sont des images de Trieste qui se sont imposées à moi. »
Celle, notamment, de la place Oberdan. Certes « inintéressante au niveau de l'urbanisme » mais, cependant, lieu cardinal de la destinée des Slovènes - elle doit son nom à un irrédentiste italien du XIXe siècle - et de la vie de Boris Pahor - c'est là qu'à l'âge de 7 ans, en 1920, il vit brûler la Maison de la culture Slovène incendiée par les fascistes ; c'est là aussi que se dresse le palais où, bien des années plus tard, il eut à répondre aux interrogatoires de la police secrète nazie.
Ainsi Place Oberdan à Trieste devient-il en toute légitimité le titre de ce recueil de nouvelles mêlant fictions alertes et récits autobiographiques, tous traversés par les thèmes majeurs qui imprègnent l'oeuvre de Boris Pahor : la période noire du fascisme et de la Seconde Guerre mondiale, l'empreinte indélébile laissée par les camps, la défense de la « slovénité », sans oublier les particularités naturelles du Karst que sa sensibilité de poète fait miroiter au fil d'inoubliables descriptions.