Élisabeth Clémentz, une militante alsacienne pour la paix des peuples, dirige La Rhéade, établissement qu'elle a créé à Saint-Martin-de-Ré. Il attire chaque été pour une cure marine des petits rats de l'opéra, des animatrices allemandes et des enfants fragiles. On y donne des spectacles de danse, on y apprend le français, l'allemand, mais aussi à nager, à faire le jardin, à apprivoiser les animaux... Un paradis, disent ses habitués, tous de familles protestantes...
Guerre oblige, les réservations de l'été 1940 se voient annulées. Seule Madeleine, la soeur d'Elisabeth, parvient à s'y réfugier avec ses quatre enfants, après un exode agité à travers la France. Mais début juillet, la Rhéade est réquisitionnée pour abriter des fantassins allemands. Le domaine est partagé en deux, une cohabitation difficile s'installe, marquée par une forte attirance-répulsion des deux côtés et dans les deux sens.
Une sorte d'envoûtement réciproque, largement conflictuel, que symbolisent deux militaires allemands : un lieutenant, bel homme, hautement cultivé, et un troufion nabot qui se révèle d'une grande sensibilité, notamment face à Francine, la dernière fille de Madeleine, une petite mongolienne affectée d'une maladie alors incurable. L'auteur résume ainsi son livre : « Les deux événements qui ont le plus influencé mon existence sont la mort de la France le 17 juin 1940 et la mort de Francine le 5 septembre 1940. Francine, ma petite France... »
Les événements relatés dans ce texte constituent un témoignage étonnant et émouvant de la relation franco-allemande qui prend ses sources dans l'Histoire grâce au mari d'Elisabeth, universitaire spécialiste de la Germanistique.