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Disparu précocement en 1915, André Lafon «était de ceux que ne quitte jamais le sentiment tragique de la vie», confia François Mauriac, son frère en poésie. Longtemps introuvable, L'Élève Gilles, qui soutient la comparaison avec Le Grand Meaulnes ou Les Désarrois de l'élève Törless, «appartient à ces livres dont on se confie l'existence entre amis, comme un secret, dont on recommande la lecture avec précaution, écrit Jean-Marie Planes. C'est un mot de passe, le signe de reconnaissance d'une sympathique maçonnerie. Il marque l'appartenance à une communauté sensible, à un petit clan d'amateurs fraternels, se saluant comme membres d'une même famille.»
Roman d'apprentissage, L'Élève Gilles est avant tout un récit secret. Dans une langue intemporelle aux accents mauriaciens, André Lafon puise dans ses propres souvenirs pour évoquer une enfance solitaire et contemplative au bord de l'estuaire. Il dit la consolation et l'enthousiasme qui saisissent l'exilé, dans son lit de dortoir, à contempler, avec une avidité forcenée, la splendeur des constellations.