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Le terme de « décroissance » fut introduit en 2001 pour dénoncer l'imposture du credo sur lequel se sont bâties les sociétés modernes : dans notre monde fini, le bien-être et l'accomplissement des êtres humains reposeraient sur la croissance sans fin de la production et de la consommation matérielles.
Dès l'Antiquité, pourtant, les soubassements de cette croyance ont été dénoncés : l'amour des richesses et la propension à l'accumulation, la spéculation, la quête de pouvoir sur autrui et sur la nature.
Avec la révolution industrielle sont apparues en Europe les premières critiques de l'asservissement de l'homme par le travail, du productivisme aveugle, de la dégradation du cadre de vie. Au XXe siècle, divers auteurs et courants de pensée s'en sont pris à l'empire de la technique, aux formes d'aliénation engendrées par la société de consommation, à la destruction des milieux naturels liée à l'exploitation intensive des ressources. Ce sont ces réflexions et ces analyses, longtemps condamnées par l'idéologie dominante à un cheminement souterrain, qui nourrissent aujourd'hui la pensée de la décroissance.
De l'épicurisme aux anarchistes naturiens, de Walter Benjamin à Ivan Illich, de George Orwell à Françoise d'Eaubonne, une soixantaine de « précurseurs de la décroissance » sont ici convoqués, par Serge Latouche, pour faire émerger une nouvelle histoire des idées politiques. À l'instar de la collection du même nom - à laquelle il renvoie -, cet ouvrage entend contribuer à l'épanouissement de l'un des rares courants de pensée capables de faire pièce à l'idéologie mortifère qui gouverne le monde.