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« Pauvres actionnaires ! » C'est sans ironie que, en 1986, les députés Front national lançaient ce cri d'alarme. Jean-Marie Le Pen s'autoproclamait alors le « Reagan français », adepte d'une « révolution fiscale » qui supprimerait l'impôt sur le revenu, pourfendeur de « l'état Kapo » et des « perversions de l'étatisme ».
Sa fille Marine Le Pen raconte aujourd'hui le contraire et s'en prend « aux marchés financiers, aux milliardaires qui détricotent notre industrie et jettent des millions d'hommes et de femmes de notre pays dans le chômage, la précarité et la misère. Oui, il faut en finir avec le règne de l'argent-roi. »
Depuis quand, se demande François Ruffin, un peu embêté, depuis quand le Front national cause comme ça, un peu comme lui ? Qu'est-ce qui relève de l'imposture, ou du vernis social ? Qu'est-ce qui, à l'inverse, est profondément ancré dans le discours du FN ?
Pour y répondre, l'auteur a plongé dans quatre décennies de littérature frontiste. Citant les professions de foi et les tracts du FN depuis sa fondation, il passe les thèmes en revue : « Etat », « impôts », « service public », « entreprise », « Europe », « mondialisation », « inégalités ». Une recherche menée sans hystérie ni complaisance.