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« Elle se dit aussi, en pensant à mille autres choses à la fois, que c'est étrange de se faire agresser par ceux qu'on a toujours défendus, c'est vraiment trop con. Ces gamins se trompent de cibles, ils ne nous reconnaissent pas. Ils se fichent de notre compassion, de nos bonnes intentions et de nos grandes idées humanistes, ils n'y croient pas ; ils veulent du concret, tout de suite. On dirait que toutes les strates de la violence de l'histoire de ce pays, qui se répète à l'infini, se condensent en eux et s'inscrivent dans leurs corps, dans leurs gestes. »
Cette histoire commence de manière ordinaire : une jeune fille s'apprête à vivre quelques mois au Brésil pour ses études supérieures, sa famille l'accompagne pour découvrir le pays, le récit est rythmé par les rencontres et la musique. Et puis, une promenade tourne au drame. Alors, le temps s'accélère et semble pourtant s'arrêter, dans ce double mouvement paradoxal propre aux instants décisifs. Ce qui se joue dans ces secondes est impalpable. Les pensées de chacun se déroulent : contradictions, peurs, désirs, instinct de suivie sont convoqués.
Le texte de Dominique Loreau est éminemment cinématographique : ambiances, sons, couleurs, regards... y font penser, comme son écriture qui entraîne le lecteur au plus près de l'action. Le ton légèrement inquiétant de l'intrigue, la narration palpitante et le rythme du texte donnent à ce court roman des allures de thriller qui ne nous lâche pas jusqu'à la dernière page. Entretemps, il aura été question de rencontre, d'altérité, d'humilité, de vulnérabilité, d'injustice sociale et de notre place dans le monde.