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En un siècle, plus de 100 000 condamnés ont été déportés dans les bagnes de Guyane et de Nouvelle-Calédonie et la plupart y sont morts. Dès leur ouverture, les colonies pénitentiaires ont donné lieu à des débats passionnés. Elles devaient régler les problèmes d'insécurité, en éloignant de la métropole une population de plus en plus dangereuse de vagabonds et de multirécidivistes. En même temps, elles contribuaient à l'expansion coloniale de la France. Le bagne était censé dissuader les délinquants, tout en permettant aux déportés de se régénérer par le travail, le contact avec la nature et la participation à une oeuvre civilisatrice.
En réalité, elles n'ont atteint aucun de ces objectifs. Sans réduire la délinquance, elles ont créé un milieu mortifère, que l'administration, malgré de nombreux efforts, n'a jamais pu humaniser et qui est devenu, pour la France, un sujet de honte et de scandales.
L'ouvrage de Stephen Toth, retrace toute l'histoire des deux institutions pénitentiaires de Guyane et de Nouvelle-Calédonie, en s'appuyant sur une analyse minutieuse des dossiers criminels, des archives administratives, des débats parlementaires, des travaux des médecins, des réflexions des juristes et des philosophes, des enquêtes des journalistes. Documents et témoignages font surgir sous nos yeux un univers violent et désespéré, qui a inspiré tout un imaginaire populaire, le bagnard devenant un symbole de l'injustice et du malheur.
On ne peut qu'être frappé, un demi-siècle après leur fermetue par l'actualité des innombrables discussions que les bagnes ont suscitées. Face au crime et au châtiment, les arguments ne changent guère et notre société est toujours aussi désemparée.