Economie politique (L'), n° 96. Quels impôts demain ?

L'Economie politique n° 96

Assumer l'impôt

Le consentement à l'impôt est au coeur de la démocratie, et huit Français sur dix estiment que payer l'impôt est un acte citoyen. Certes, la majorité d'entre eux pensent aussi que les impôts sont trop élevés en France et qu'ils payent trop d'impôts eux-mêmes : plus ils sont riches, plus ils ont tendance à le penser, curieusement. Les dernières années ont aussi vu des mouvements contestataires - « Pigeons », « Bonnets rouges », « Gilets jaunes » - qui nous rappellent la fragilité de ce consentement. Pour ne pas sombrer dans le populisme fiscal, nous devons alimenter en permanence le débat démocratique sur la valeur de l'impôt : le sens des missions financées et le partage équitable des efforts.

Qu'en est-il donc du modèle fiscal français ? Il continue de corriger les inégalités, et c'est grâce à lui que la France est un des rares pays où les écarts de revenu après redistribution ne se sont pas creusés ces dernières décennies. Mais l'impôt ne joue pas le rôle transformateur qu'il devrait. Sur le plan social, notre pays s'enfonce lentement mais sûrement dans un modèle de société d'héritiers, où le poids des richesses reçues en héritage écrase de plus en plus les possibilités de mobilité sociale. Sur le plan écologique, qu'il s'agisse des niches fiscales dont profitent encore les énergies fossiles ou de la fiscalité carbone en général, le système fiscal français envoie des signaux contradictoires, allant tantôt dans le sens de la transition, tantôt dans le sens inverse.