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Le 30 mai 1967, il fallait un regard avisé pour remarquer, à la une du Monde, un encart de dernière minute, tout en bas à gauche : «Les violentes manifestations de Pointe-à-Pitre témoignent du malaise social à la Guadeloupe.» Le quotidien fait état de 6 morts puis 9... Plus tard on parlera de 22 jusqu'au chiffre «officiel» de 87... Rien n'est précis sur ce massacre. Un demi-siècle plus tard, on imagine les réactions que susciterait un tel événement. Mais, en cette année 1967, le pouvoir gaulliste ne vacille pas encore sous la pression des pavés de 1968, le monde retient son souffle devant l'imminence d'une guerre entre l'Égypte et Israël... Alors, qui peut s'intéresser à ces jeunes Antillais tombés sous les balles des forces de l'ordre de la République française ? Les noms des victimes sont pourtant connus, leurs assassins aussi, mais la justice demeure sourde et aveugle... et on s'empresse de les oublier.
Pourquoi sont-ils si rares, parmi les gauchistes enflammés de Mai 68, à vouloir se souvenir des frères de Guadeloupe tombés au champ d'honneur de la cause prolétarienne, un an plus tôt, jour pour jour ? Déni de consciences jacobines ? Volonté bien française de flinguer la mémoire ? Il y a de tout cela. Il y a plus.
Que se passe-t-il en effet le 26 mai 1967 en France et ailleurs ? Comment expliquer la violence de la répression ? Comment expliquer que la jeune Ve République du général de Gaulle se soit autorisée son ultime massacre colonial ?