Victoire, monsieur Eiffel !

7 décembre 1887. Un homme attend Quentin à la sortie du chantier, près du Champ-de-Mars. Le jeune ouvrier voltigeur travaille à la construction de la tour de M. Eiffel, cette gigantesque cheminée de fer destinée, en dépit du bon goût et du bon sens, à dominer de ses 300 mètres l'Exposition universelle de 1889. En échange d'une pièce de cinq francs, Quentin accepte de raconter l'avancée des travaux. Mais pourquoi l'inconnu s'intéresse-t-il autant à la tour Eiffel ?

«- Alors ? répéta l'inconnu.

- La jonction entre les quatre piliers a été une totale réussite.

- Racontez, mon ami, racontez.

Sur le chantier de la tour, tout le monde lui disait «tu» et l'appelait «Quentin». L'inconnu, lui, le vouvoyait et lui disait «mon ami». Dans ce bistrot, assis à une table, ils formaient un duo insolite. Chapeau haut de forme, costume trois-pièces, gilet, chaussures cirées : l'inconnu appartenait à la classe des gens aisés. Lui, Quentin, casquette et mise modeste, était un ouvrier. Sur le chantier de la tour Eiffel, il était même un «mousse» : debout toute la journée devant une petite forge, il chauffait les rivets, destinés à fixer les barres en fer.

- Poursuivez, mon ami, poursuivez...

- Eh bien, Monsieur Eiffel était présent, accompagné de ses quatre collaborateurs...»

De 7 à 87 ans