De la domination coloniale au rejet des migrants
Établir une relation entre la longue histoire coloniale et la politique, les attitudes actuelles de rejet des migrants et des réfugiés peut sembler surprenant. Et pourtant, le premier lien, le plus apparent, met en avant l'Europe. Une Europe, foyer millénaire de l'Occident, dont les plus grandes puissances ont dominé le monde entier pendant plusieurs siècles. Aujourd'hui, l'Union européenne se déchire sous la pression, pourtant assez limitée, de migrants, de demandeurs d'asile en provenance de l'Afrique et du Moyen-Orient. Le principal fil directeur, moins évident, entre ces deux situations est la poursuite d'une certaine subordination des ex-colonies vis-à-vis de leurs anciennes métropoles, rejointes par de nouvelles puissances, comme les États-Unis et la Chine. Les motivations ambivalentes et douteuses de la domination coloniale peinent encore à être reconnues et remises en cause. Elles se retrouvent aujourd'hui dans le refus irrationnel et clivant des mêmes nations, ainsi que d'autres, d'assumer leurs responsabilités historiques et géopolitiques.