Pierre Herbart, cinématographes et colonies (1903-1974)
« Je suis l'homme le plus apte à se détacher instantanément de ce qui l'entoure », écrivait Pierre Herbart, homme de lettres, résistant, journaliste. L'Art y contribuait, toutes les formes d'art - la littérature et le cinéma, et plus précisément certaines formes de cinéma. D'abord celles des lanternes magiques, des cinématographes de cirque, de foire et d'estaminets qu'il a mêlées aux récits et vues d'une enfance à Dunkerque. Ce parcours, qui le met en rapport avec les choses et les gens et accroît son expérience esthétique, l'éloigne paradoxalement du Cinéma, c'est-à-dire du cinématographe en soi, pour soi, séparé des publics et des arts du spectacle, associant parfois l'hystérie et le comique, l'épilepsie et le bruit...
Ainsi, Pierre Herbart transforma-t-il la féérie identitaire en l'un de ces riens essentiels qui le fit vivre. C'est un Pierre Herbart jeune voyageur en Afrique que l'on retrouve traversant quelques-uns des plus beaux films coloniaux français.
Militant communiste, adepte du geste qui dure dans un temps décousu et de la folie dans un décor de carton-pâte, il n'aimait qu'une seule chose : écrire des tracts, les répandre dans les casernes et s'en prendre au cinéma viril des défenseurs de l'Occident et de la paix en Europe. Hédoniste et joueur, c'est pour faire vivre son ordre à lui qu'il s'efforçait, dans les années 30, de faire cesser les discussions avec les chefs fascistes.