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Douze années se sont écoulées depuis le renversement, dicté par des mobiles d'emblée controversés, de la dictature baathiste de Saddam Hussein par les États-Unis associés au Royaume-Uni, l'ancienne puissance coloniale ayant présidé après la Première Guerre mondiale à la délimitation des frontières actuelles de l'Irak, cette antique Mésopotamie déjà divisée par l'Empire ottoman jusqu'à sa liquidation, en trois vilayets (Mossoul, Bagdad, Bassorah) dont certains contours semblent ressurgir aujourd'hui. Le fait est que cet événement géopolitique majeur intervenu en 2003 a, par l'onde de choc que cela a représenté, radicalement modifié les réalités politiques, sociales, sécuritaires de l'Irak et jusqu'au contexte régional moyen-oriental, en permettant à la majorité démographique chiite d'accéder au pouvoir à Bagdad, un fait sans précédent dans la période contemporaine. Mais loin de se transformer en un bastion de la démocratie et de la stabilité au Moyen-Orient, conformément aux assurances affichées des stratèges néoconservateurs américains, l'Irak est (re)devenu, une nouvelle fois dans son histoire pleine de violences et de fractures internes, un État en pleine dérive, au bord de la fragmentation ethno-confessionnelle, voire sectaire. En consonance avec les événements brûlants de la région, ce numéro 2 de la revue Orients Stratégiques a souhaité, avec le parti-pris de ne pas se focaliser sur ce qui monopolise généralement aujourd'hui l'attention sur ce pays, à savoir l'expansion de Daesh, offrir quelques analyses ciblées et en apparence parfois «décentrées», mais en apparence seulement, sur les réalités sous-tendant les crises complexes que rencontre l'Irak post-Saddam.