«Langage de la vie», la poésie de Lorand Gaspar «innerve tous les langages de l'homme, les irrigue et les bouleverse quand ils s'installent dans la sécurité des systèmes et des dogmes» (Approche de la parole).
C'est dans cet esprit que s'est tenu à Tunis, à l'automne 2013, le colloque international Lorand Gaspar et la «matière-monde», dont les Actes paraissent ici. Aux axes qui en ont organisé le parcours («Poétique de la pensée», «Formes et travail de la langue», «Poétique de l'Ouvert», «Écriture, arts, traduction») s'ajoute une dernière section («Témoignages, documents, entretien») où le lecteur trouvera, entre autres, un relevé des lectures de l'auteur, et un entretien inédit sur son enfance. L'ensemble des genres d'une oeuvre protéiforme est ici envisagé : poèmes, proses, essais, traductions, photographies réfléchissent à cette «matière-monde» dont ils ne cessent d'interroger la dynamique perpétuelle. Qu'on en juge :
Le soleil couché, les calcaires dépensent lentement leurs réserves de clarté. Ce sont des moments d'une ferveur tactile, d'une fermentation visuelle inoubliables. Tout un monde massif et opaque s'aère dans une porosité pulmonaire. Dans chaque molécule de lucidité on sent enfler le désir d'une ouverture sur laquelle il n'est plus question de revenir. (Feuilles d'observation)