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La société capitalisée
Le mouvement révolutionnaire qui émerge en 1968 puis s'épuise dans les années 1970, a été vaincu mais ce n'est pas une contre-révolution qui l'a battu. C'est un changement d'opérateur principal dans la dynamique du capitalisme qui obtient ce résultat.
Alors que dans la société bourgeoise depuis les débuts de l'industrialisation jusqu'aux années 20 ce sont les luttes ouvrières et prolétariennes qui, dans leur antagonisme au capital, constituent la dynamique historique, dès la crise de 1920 et surtout à partir de 1945, c'est une alliance des classes (le compromis fordiste) qui réalise une unité instable entre le travail et le capital. Ce compromis étant conforté par les relais institutionnels majeurs que furent l'État-providence et les syndicats ouvriers, mais aussi par la consommation de masse, les médias et la généralisation de la culture.
C'est tout cela qui est attaqué, en 1968, par un dernier assaut qui est déjà au-delà d'une stricte définition en termes de lutte de classes. Ce mouvement fait bien sauter des verrous, mais les forces qu'il libère ne sont plus pleinement émancipatrices une fois la défaite consommée. En effet, leur sens originel de désaliénation est retourné et les contradictions capitalistes qui apparaissaient comme insurmontables sont englobées dans une « révolution du capital » qui débouche sur une « société capitalisée ». Le fil historique des luttes de classes est rompu définitivement, même si des résistances et des alternatives se produisent, qui refusent toute fatalité et esquissent d'autres devenirs possibles pour la communauté humaine.
Ce sont ces transformations et cette perspective dont rend compte le quatrième volume de l'anthologie de la revue Temps critiques qui couvre et thématise des écrits publiés entre 2001 et 2012.