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The house of Mirth
Chez les heureux du monde
Une esthétique de la diversion
Le roman d'Edith Wharton et sa remédiation filmique par Terence Davies sont marqués par une esthétique de la diversion au sens étymologique du terme, le latin diversio désignant l'action de détourner. Écart de trajectoire ou changement de direction, la diversion suggère l'ouverture d'autres perspectives, que ce soit dans )le parcours des personnages ou celui du récit et des voies génériques qu'il emprunte. Lily est détournée de sa course (au mari et à la réussite sociale) dès le premier chapitre du roman, où elle « se risque » à prendre le thé chez Selden. Ses « écarts » suscitent différentes interprétations et les mêmes événements sont vus et revus, par le prisme de l'héroïne ou d'autres personnages, qui prennent des significations divergentes, voire contradictoires (Lily sortant de chez Gus, les tableaux vivants, la mort de Lily). La trajectoire descendante de l'héroïne se mesure dans l'écart grandissant entre les rumeurs qui circulent sur elle et la résistance silencieuse qu'elle y oppose. Lily perd sa réputation, semble parfois perdre la raison. Pourtant cette trajectoire inexorable ne s'avère tangible qu'aux dernières pages du roman / derniers plans du film. Car ce récit tragique d'une aliénation sociale est sous-tendu par d'autres possibilités narratives : le bonheur conjugal, la romance, la compromission, le happy end. Les conventions littéraires ou filmiques sont empruntées pour ensuite bifurquer. Le texte de Wharton et le film de Davies opposent une résistance à l'enfermement dans des carcans génériques et esthétiques car ils empruntent des voies diverses, se jouant maintes fois des attentes du lecteur ou du spectateur. Ce sont ces miroitements du sens, cette conjonction du détour, de la divergence et de l'égarement, qui occupent les articles réunis dans ce volume.