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Ossip Mandelstam, écrit une épigramme sur Staline, dont deux vers lui coûteront la vie. À la recherche du manuscrit, les policiers saccagent l'appartement du poète, en vain. Nul n'est besoin à ceux qui connaissent par coeur des pages entières de poésie, de conserver seize lignes compromettantes, meurtrières.
À défaut du poème, les policiers embarquent le poète (1934). Ossip Mandelstam meurt dans les plaines glacées de Sibérie à l'âge de 47 ans.
Tel un livre vivant, Nadejda son épouse, a mémorisé les poèmes, les a transmis oralement. Elle les fait publier vingt ans plus tard.
Tandis que, traversant la tourmente, se transmet un livre vivant de Mandelstam, que demeure une écriture clandestine de Pasternak, que l'on parcoure une prose de Cholokhov infinie comme la steppe, voici que nous parvient, d'Akhmatova, une poésie immortelle :
L'innocente Russie se tordait de douleur
Je me tais, voilà trente ans que je me tais
Et si l'on bâillonne ma bouche torturée
À travers laquelle crient des millons d'êtres.
Anna Akhmatova se tait depuis trente ans et avec elle, se taisent Pasternak, Babel, Mandelstam, tant d'autres. La clameur de ces millions d'êtres qui crient à travers sa bouche torturée, nous fait entendre la souffrance endurée par ces poètes et ces écrivains.
Porteurs d'une vérité immuable, ils nous parlent, par la littérature, mieux que les politologues et les historiens. Tout au long de la lecture de leurs livres, leurs cris résonnent en nous aujourd'hui, forcent notre émotion.