La guerre d'Algérie a provoqué l'échec d'une réalisation sociale et économique hors du commun et d'un modèle multicultuel et multiculturel original qui aurait pu servir d'exemple à l'humanité. Voilà un aspect méconnu, sinon inconnu, de l'histoire franco-algérienne. A travers ce roman, plein d'humour et de vie, écrit dans une langue belle et expressive, l'auteur a mis en scène des personnages jeunes, ordinaires, souvent joyeux, malgré les drames, éloignés d'a priori pernicieux et d'une imagerie folklorique, sans substrat, dite de pieds noirs. Ces héros étudient, essaient de s'amuser, de vivre enfin dans une atmosphère délétère ; ils n'ont pas d'a priori, pas de haine ni de rancoeur. Peu à peu ils vont prendre conscience que tout un monde va disparaître : «Même s'il affirmait le contraire, chacun savait qu'il perdrait à jamais son paradis pour tremper ses racines dénudées et meurtries dans une autre terre plus froide et plus rude ; à moins qu'il ne pérît pour cause de désespoir, de crainte ou de ressentiment.» Cette guerre ayant éloigné la construction d'un pays qui aurait pu être un exemple de tolérance raciale et religieuse, source de prospérité et de paix, s'il avait conservé ses multiples facettes.