Honneurs ethniques et fidélité
Des migrants aux diasporas africaines
Les processus de formation des États-nations - anciens ou en cours de constitution - reposent pour une part importante sur deux dimensions fondamentalement liées : configuration et contrôle politiques des territoires unifiés ; élaboration, notamment par les élites, d'un imaginaire ou d'une croyance partagée en une appartenance à une même communauté. Au travers de son institutionnalisation sociale, mais également des expériences subjectivement vécues par les individus, s'élaborent des honneurs ethniques, propres à chaque peuple, d'accueil ou migrant, qui peuvent prendre des dimensions nationales ou locales.
En situation de « double absence » ou de « double présence », par rapport à leurs pays d'origine, les populations immigrées, ou plus précisément les fractions des diasporas mobilisées sur le territoire hexagonal ou ailleurs, entretiennent les mêmes croyances aux appartenances - fictives ou réelles - à base ethnique. Celles-ci, tout en s'appuyant stratégiquement ou symboliquement sur les champs politique, universitaire, ecclésiastique et économique français, constituent un des ressorts essentiels des mobilisations et revendications collectives ou individuelles caractéristiques de ces populations.
Ce sont les mécanismes et les pratiques liées à ces imaginaires, presque massivement partagés, que tente d'explorer ce petit ouvrage qui, on s'en doute, ne saurait prétendre répondre de manière satisfaisante aux questions qu'il soulève.