Pour réenchanter le monde, la lucidité sur nous-mêmes me semble le premier remède. C'est notre malfaisance de dominants omnipotents écrasant en leur pouvoir la fragilité de la vie qui nous laisse amers, désenchantés, désespérés ; il importe donc de comprendre le pourquoi de tels comportements destructeurs et de réfléchir dans la volonté de mieux les déjouer, comprendre conjointement notre condition de vivants mortels au sein de l'univers dont nous sommes partie intégrante, et non pas entité à part, isolée, esseulée, apeurée, n'ayant plus que son pouvoir de dominant méchant comme protection et consolation. Cette double lucidité sur nous-mêmes et sur le monde dont nous participons me semble propre à chasser de nos esprits l'illusion et ses fausses solutions qui, invariablement, entraînent notre égarement dans des voies imaginaires souvent totalitaires et destructrices des équilibres précaires qui sont la vie.
J'ai rencontré très récemment la sagesse des lettrés chinois qui a traversé l'histoire, se référant de façon constante à l'inspiration de Confucius (Maître ayant vécu au Ve siècle avant J.-C.). À mon grand étonnement, je me suis rendu compte que mes intuitions sur l'humaine condition au sein de l'univers rencontraient pour l'essentiel l'approche chinoise traditionnelle de l'existence.
Face au tragique qui hante notre esprit, tragique que l'homme éprouve face à la mort et face au mal immense qu'il est capable de commettre, la sagesse chinoise est, me semble-t-il, la mieux à même de nous donner une lucidité propre à réenchanter le monde. En cet ouvrage, je vais donc la survoler, tâchant d'en dégager les pensées majeures, tout en posant à leurs côtés les miennes.