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Carnets de ville
Venise
Voyager avec Venise comme boussole, c'est se placer délibérément du côté des marchands et de leurs comptoirs, établis jadis à travers toute la Méditerranée. Mais c'est aussi découvrir l'alliance de la ville et de la mer qui est à l'origine de tous les grands équilibres. Venise a en effet très tôt abandonné l'idée de territoire pour exalter l'idée de réseaux dont elle fut (et reste en partie) la référence et le génie. À l'instar de la Sérénissime, qui n'a cessé de s'approprier la mer, les cités actuelles, étendues et multiples, doivent apprendre à intégrer davantage leur environnement naturel. Cet ouvrage propose ainsi une découverte originale de « la ville des villes », comme la qualifiait Italo Calvino, par un amoureux de la mer, chroniqueur avisé du monde d'aujourd'hui.
« En perdant de l'altitude, l'avion pénètre des colliers de clignotements : est-ce bien la lagune ? L'étendue des réseaux s'efface, des territoires d'ombre se faufilent dans des jeux de lumière, une présence surgit, comme une caresse, avec l'atterrissage, et bien vite comme une inquiétude, avec la conscience de la vitesse due au freinage. La montagne, les plaines, les fleuves, mais aussi la forme des villes comme Vérone et Padoue, s'étaient répandus dans des galaxies qui s'étendaient sans fin. Il te fallait d'abord reconnaître cette appartenance illimitée où s'effaçaient les lieux, laisser l'ici et l'ailleurs se rejoindre, et que tout se désoriente. La Venise du ciel mélange ses signes avec le monde entier. Elle va chercher ses clients à Tokyo aussi bien qu'à Pékin ou Melbourne, elle les fait venir par charters, en rangs serrés, elle se vend à la terre entière comme ville de la fête... »