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De la beauté des latrines
Pour réhabiliter le sens au cinéma et ailleurs
« Il n'y a vraiment de beau que ce qui ne peut servir de rien ; tout ce qui est utile est laid, car c'est l'expression de quelque besoin, et ceux de l'homme sont ignobles et dégoûtants comme sa pauvre et infirme nature. L'endroit le plus utile d'une maison, ce sont les latrines. »
Ces phrases de Théophile Gautier, où l'on peut voir le premier manifeste, en 1834, du formalisme moderniste, de « l'art pour l'art », ce livre s'attache à les réfuter. Si l'objet principal du travail de Noël Burch demeure ici encore le cinéma, son propos dépasse ce cadre, car la sensibilité élitiste, esthétisante qui informe la quasi-totalité des « études cinématographiques » dans les universités françaises ainsi que les publications spécialisées les plus influentes dans ce domaine, a des incidences bien au-delà des arts. Cet esthétisme hégémonique est aussi profondément « masculiniste » qu'il est élitiste, et va de pair avec la résistance farouche opposée par la hiérarchie intellectuelle à la pénétration en France des travaux cruciaux conduits, notamment par des féministes, dans les pays anglo-saxons depuis une trentaine d'années - sur le cinéma mais aussi sur la littérature, l'histoire, les humanités en général. Or, c'est sur ces sources-là que l'auteur s'appuie principalement, présentant ici pour la première fois en français une critique d'ensemble des idéologies réactionnaires - avant-gardisme obscurantiste, misogynie, mépris de la culture de masse - qui déterminent non seulement de larges aspects de la pensée universitaire en France mais aussi l'actuelle confusion politique de nos élites intellectuelles.