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Au coeur d'une Action Sociale, la politique sanitaire de la France en Indochine s'est érigée au fil de la colonisation (1860-1939) en un système organisé, s'inscrivant bien au-delà d'une logique de domination. Nourrie d'une "révolution médicale" synchrone, dotée d'armes préventives neuves (vaccination, éducation hygiénique) et d'un service d'Assistance Médicale Indigène (AMI, dès 1905), la médicalisation des pays indochinois s'est affirmée. A partir des années 1920, elle s'est appuyée sur un réseau hospitalier dense, a développé une médecine itinérante profondément rurale et s'est intéressée aux maux sociaux des populations locales.
La société médicale, coloniale et colonisée, a largement participé à cette prise de conscience d'une adaptation du plan sanitaire aux besoins du patient. Aidée d'une pléthore de subalternes indigènes, elle a même passé outre certaines des difficultés inhérentes à sa mission de fonctionnaire.
En proposant une première histoire médicale de l'Indochine française, ce livre comble une lacune majeure et exploite une richesse documentaire ignorée. Laurence Monnais-Rousselot y insiste sur la nécessité de ne plus considérer cet épisode comme un simple chapitre d'histoire coloniale : cette expérience a joué un rôle essentiel dans l'émergence de la médecine tropicale et dans la genèse d'une relation viable entre médecines traditionnelle et occidentale.
Laurence Monnais-Rousselot, docteur en histoire, est assistante de recherche au GRASP(Groupe de recherche sur les aspects sociaux de la santé et de la prévention de l'université de Montréal). Elle est également membre associé du laboratoire SEDET (Sociétés en développement dans l'espace et dans le temps), CNRS-université Paris VII.