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« La guerre avait fauché une génération. Nous étions effondrés. Mon oncle et ma tante avaient beau être médecins, ils ne possédaient plus rien. Leur clientèle avait disparu. Leur maison avait été pillée. Leurs économies avaient fondu. Le lendemain de mon arrivée à Paris, comme ils n'avaient ni argent ni vêtements à m'offrir, c'est une voisine qui m'a secourue avec une robe et des sous-vêtements.
Il régnait dans cette maison une atmosphère de désolation. Il n'y avait plus le moindre meuble. Les miroirs avaient disparu, à part ceux qui étaient scellés aux murs et que les pillards n'avaient pas pu emporter.
Je faisais ma toilette matinale devant un miroir brisé par une balle. Mon image y apparaissait fissurée, fragmentée.
J'y voyais un symbole.
Nous n'avions rien à quoi nous raccrocher. Ma soeur Milou était gravement malade, mon oncle et ma tante avaient perdu le goût de vivre.
Nous faisions semblant de vouloir continuer. »
Simone Veil raconte son enfance, sa déportation, et l'importance de cette épreuve dans sa vie.
La première fois que je rencontre Simone Veil, c'est pour lui proposer un documentaire sur sa vie. Elle me regarde, je me tais. « Qu'est-ce qui vous intéresse chez moi ? - Votre chignon, madame. » Je la sens ébranlée. Elle me raconte qu'aucune femme de son convoi n'a été rasée complètement et que cela lui a sauvé la vie. Sans le savoir, j'avais touché un point essentiel de sa déportation. Ce premier récit entraîna tous les autres.
Dès cette rencontre, qui dura plus de trois heures, une forme d'intimité se créa. Une amitié se noua, qui nous lia jusqu'à sa mort.
David Teboul
Le 1er juillet 2018, avec Simone Veil, c'est le convoi n° 71 qui est entré au Panthéon. Il avait quitté la France le 13 avril 1944. À son bord, mille cinq cents personnes, dont trente-quatre des enfants raflés à la maison d'Izieu, Simone Jacob, sa mère Yvonne et sa soeur Madeleine.
Ce livre est dédié à Albert Bulka, le plus jeune des enfants d'Izieu, assassiné dès son arrivée à Auschwitz, à l'âge de quatre ans.