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En 1932, Abel Bonnard est élu à l'Académie française. À quarante-huit ans, le plus brillant causeur des salons de l'entre-deux-guerres est au faîte de sa carrière littéraire. Poète précoce, délicat moraliste et grand voyageur, l'« exquis Bonnard » va pourtant se muer en tribun flamboyant et en essayiste fulgurant au service du fascisme. Comment ce cosmopolite méditatif - qui écrivait, en revenant de Chine en 1924, que « le voyage donne plus de liberté à nos rêves » - est-il devenu l'idéologue le plus méthodique de la Collaboration avec l'Allemagne nazie ? Quel rôle a-t-il joué durant cette période ? Comment les tribunaux l'ont-ils jugé ?
L'itinéraire extraordinaire de l'écrivain est ici brossé avec maestria : ses jeunes années en province, ses premiers recueils, son entrée fracassante dans le Tout-Paris de la Belle Époque, son engagement politique dans les années 1930 puis sa conversion immédiate et sans retour à la Collaboration qui lui vaudra le portefeuille de l'Éducation nationale en 1942 dans le gouvernement Laval. Le ministre n'accomplira pourtant jamais la révolution pédagogique qu'il avait théorisée : criblée d'épigrammes par la Résistance qui fustige son homosexualité présumée, la « Belle Bonnard » - tantôt appelée « Gestapette » - est chassée par la Libération. Ce pilier du collaborationnisme trouve alors refuge en Allemagne puis en Espagne. Radié de l'Académie, jugé deux fois et deux fois condamné, le maudit meurt en 1968 à Madrid.
S'appuyant sur de nombreuses sources inédites, Benjamin Azoulay retrace sans manichéisme le parcours inattendu d'une figure aujourd'hui tombée dans l'oubli, mais ô combien complexe, fascinante et sulfureuse.