Le coup d'Etat du 2 décembre 1851

L'opération « Rubicon » se déroula comme un roman d'aventures. Elle partit de l'Élysée - rive droite pour fondre sur le Palais-Bourbon - rive gauche. En quelques heures, le président Louis-Napoléon Bonaparte se débarrassa de l'Assemblée nationale : les députés de gauche comme ceux du parti de l'Ordre furent également frappés. Tout le monde s'y attendait, et pourtant la surprise fut totale. Comment le neveu de l'Empereur, réputé falot et nimbé de mystères, aurait-il osé ? Il osa pourtant faire son Brumaire à lui. Paris fut rapidement subjugué. En revanche, une partie de la paysannerie, attachée à la République démocratique et sociale, surtout dans le Centre et le Midi, opposa une résistance inattendue, parfois très vive, ce qui permit au pouvoir de se poser en sauveur de la société.

Un État autoritaire prit alors en main la réorganisation d'une nation traversée de profondes fractures pour la préserver d'elle-même et ouvrir le temps des « miracles économiques ». La République, elle, n'oublia pas la violence faite alors aux institutions et en tira une leçon politique et morale, qui dure encore : rester vigilant face aux tentations autoritaires et aux menaces contre les libertés, que symbolise toujours « le 2 décembre » de Louis-Napoléon Bonaparte.