Ombre invaincue : la survie de la collaboration dans la France de l'après-guerre : 1944-1954

Comment les ultras de la Collaboration, les partisans français du nazisme, ont-ils réussi à négocier le virage de l'après-guerre ? Comment ont-ils échappé aux tribunaux, au déshonneur, à la vindicte ?

Pour le comprendre, Christophe Bourseiller a suivi le destin de trois mouvances collaborationnistes : le Parti populaire français de Jacques Doriot, le Rassemblement national populaire de Marcel Déat et la mouvance « cagoularde » d'Eugène Deloncle.

En 1944, nombre de leurs membres accompagnent les Allemands dans leur retraite. Certains vivent dans le château de Sigmaringen, d'autres préfèrent celui de Mainau, au milieu du lac de Constance, dans une ambiance malsaine et crépusculaire.

Lorsque la guerre prend fin, tous se lancent dans une cavale éperdue. Beaucoup se font prendre, à l'exemple du chef de la Milice, le « cagoulard » Joseph Darnand, et subissent l'épuration, la prison, la mort. D'autres sont déjà morts dans des conditions « suspectes », tels Eugène Deloncle, abattu en janvier 1944 par un commando allemand, ou Jacques Doriot, mitraillé en février 1945 par un avion allié. D'autres enfin se planquent, à l'image de Marcel Déat.

Dès le début des années 1950, les anciens nazis français commencent à redresser la tête, participant à l'extrême droite renaissante, s'impliquant dans les puissants réseaux anticommunistes de la guerre froide ou appuyant notamment le processus de construction européenne, à travers une puissante structure nommée la Fédération.

Ainsi, en dépit de l'opprobre, les collaborateurs les plus décidés ont bel et bien joué un rôle dans la France de l'après-guerre.