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Le mot «croisade» est un anachronisme puisqu'il apparaît discrètement au XIIIe siècle et ne prend son sens actuel qu'au XIXe siècle. Les contemporains ne se voyaient pas comme des croisés, et leurs motivations étaient différentes de celles que nous leur prêtons.
La première croisade, préchée par le pape Urbain II au concile de Clermont en 1095, est avant tout un pèlerinage en Terre sainte, mêlant à des chevaliers une multitude de pèlerins, hommes, femmes et enfants. Au fil du temps, les enjeux et les motifs des croisades deviennent de plus en plus complexes, croisant motivations religieuses, politiques, économiques et idéologiques. Surtout, le phénomène a impliqué l'engagement des forces vives de la chrétienté. Trois rois de France, Louis VII, Philippe Auguste et Saint-Louis, ainsi que trois empereurs germaniques, ont abandonné leur pays pendant de longs mois pour apporter aide aux Francs de Terre sainte et tenter de regagner les territoires repris par l'ennemi. Ces huit expéditions, qui se sont déroulées pendant deux siècles, dessinent au final l'histoire de l'Empire latin de Constantinople et du royaume latin de Jérusalem. Histoire tragique, puisque le premier disparaît en 1261 et le second en 1295. La mort de Saint Louis, au terme de la huitième croisade, sonne le glas de ces entreprises. Avec lui meurt l'«esprit» de croisade.
Une synthèse particulièrement brillante par un auteur non conformiste.