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Pourquoi Benoist-Méchin a-t-il consacré à l'expédition d'Egypte le cinquième livre de sa sublime série "Le rêve le plus long de l'Histoire" ? Parce que Bonaparte, fasciné par l'Orient comme Alexandre, a voulu hausser au niveau de la légende, ce qui pour Talleyrand était une opération coloniale et pour le Directoire une manoeuvre de diversion. "Il faut aller en Orient, dit-il à Bourrienne, toutes les gloires viennent de là." Son rêve - il l'exprimera par la suite à plusieurs reprises - était de créer, à partir de l'Egypte, un florissant Empire d'Orient qui "par sa main droite s'appuierait aux Indes et par sa gauche à l'Europe". "Sans vous autres Anglais, murmura-t-il en montant sur le Bellerophon, j'aurais été Empereur d'Orient." Mais son rêve se brisa devant les remparts de Saint-Jean-d'Acre. Toujours Saint-Jean-d'Acre lui apparaîtra comme le tournant de sa vie. C'est de là qu'elle aurait pu s'élancer dans une direction différente. C'est là qu'il comprit que s'il cessait un jour d'être Bonaparte, ce ne serait pas pour devenir un nouvel Alexandre le Grand, mais Napoléon. Ecoutons-le rêver le 1er décembre 1805, veille d'Austerlitz, devant un groupe de généraux : "Si je m'étais emparé d'Acre, je prenais le turban, je faisais mettre des grandes culottes à mon armée, je ne l'exposais plus qu'à la dernière extrémité, j'en faisais mon bataillon sacré ! C'est par des Arabes, des Grecs, des Arméniens que j'eusse achevé la guerre contre les Turcs. Au lieu d'une bataille en Moravie, je gagnais une bataille d'Issus, je me faisais proclamer empereur d'Orient et je revenais à Paris par Constantinople !"