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Souverain des Pays-Bas, roi des Espagnes et des Deux-Siciles, empereur germanique, Charles Quint était donc le maître de la péninsule ibérique, de l'Amérique espagnole, des Pays-Bas, de la Flandre, de l'Artois, de l'Alsace, de la Franche-Comté, de l'Autriche, des possessions allemandes des Habsbourg, de la Sardaigne, de la Sicile et de Naples. Mais l'immensité et la diversité d'un des plus grands empires que l'histoire ait connus étaient porteuses de déboires. D'autant que - Philippe Erlanger le met bien en valeur - Charles Quint était investi de cette prodigieuse puissance apparente au moment où l'Occident changeait de cap. Se considérant comme le restaurateur sous son sceptre impérial de l'universalité chrétienne, comme le garant suprême de la paix du monde dans l'unité de la foi catholique, il se heurta à la montée des particularismes nationaux et religieux et au dépérissement des valeurs médiévales. La puissance ottomane, l'explosion de la Réforme et enfin le comportement réaliste de la France qui, n'obéissant qu'à l'intérêt national, s'alliait aussi bien aux Turcs qu'aux princes protestants, contribuèrent à l'échec de ce que Philippe Erlanger fait apparaître comme la lutte héroïque et désespérée du dernier César, "gérant de la chrétienté", pour sauver l'Ancien Monde.