Quelques heures avant de s'éteindre à Sainte-Hélène, c'est Desaix que Napoléon appelle sur son lit de mort. Desaix qui, à Marengo, avait sauvé son pouvoir naissant et qui, à Waterloo, aurait pu sauver son trône si le destin ne l'avait prématurément ravi à Bonaparte dont, peut-être, il fut le seul ami. La courte vie de Louis des Aix de Veygout, en effet (32 ans), étoile filante de la galaxie révolutionnaire, représente une prodigieuse aventure qui, des sanglants bivouacs de l'Armée du Rhin aux sables dorés de la Haute-Egypte, incarne pleinement le romantisme naissant de cette période charnière entre le XVIIIe et le XIXe siècle, où l'aventure et le rêve oriental transcendent l'histoire. Plus jeune général de l'armée républicaine, ce gentilhomme pauvre, devenu le double de Bonaparte, s'impose bientôt comme sa bonne étoile lorsque à ses côtés il débarque en Orient et, seul, conquiert la Haute-Egypte avant de l'administrer avec tant d'humanité que les populations le surnomment le <<Sultan juste>>.
Soldat philosophe et protecteur de l'Institut, Desaix le méconnu figure, plus qu'aucun homme de l'extraordinaire épopée napoléonienne, la jeunesse éternelle, généreuse et géniale. Et qui mieux que Gonzague Saint Bris, défenseur et illustrateur du romantisme absolu, pouvait faire le récit de cette fulgurante odyssée, lui qui par un singulier caprice du hasard est l'arrière-arrière-arrière-petit-neveu de son personnage ?