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Il fut une époque où le théâtre était roi, le roi de la vie parisienne. En l'absence du cinéma et de la télévision, il régnait en monarque absolu. Il y avait d'ailleurs un je-ne-sais-quoi de magique dans le mot lui-même, dans l'ampleur majestueuse de sa sonorité. Se rendre au théâtre, c'était participer à une cérémonie religieuse, c'était accéder à un sanctuaire où l'étincellement du grand lustre et des girandoles illuminait les loges et les fauteuils tapissés de velours, tandis que dans un océan de rumeurs un public « habillé » attendait, impatient, les trois coups solennels. On en revenait « enchanté » au sens féerique du terme et l'on y contractait une maladie dont on ne se relevait jamais, ce « mal rouge et or » dont parlait Cocteau.
Et c'est alors que régnaient sur le théâtre les « monstres sacrés », célébrés par Cocteau, les grands fauves de la scène : Sarah Bernhardt, Lucien Guitry et plus tard, son fils Sacha, qui fascinaient leur public.
Ces biographies nous font revivre une époque révolue. Mais les personnages qu'elles évoquent sont d'une actualité permanente. Sarah Bernhardt n'est-elle pas le premier modèle de star mondiale ? Quant à Feydeau et à Guitry, leurs pièces ne cessent de faire l'objet de reprises, transmettant ainsi à nos contemporains l'essence profonde de leurs personnalités respectives. Ils n'ont jamais été aussi vivants.