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Ce jour-là, dans la chambre bleue de l'hôtel, Tony et Andrée échangent quelques mots après l'amour. «Si je devenais libre... tu te rendrais libre aussi ?» Tony ne répond pas à la question. Le juge et le psychiatre qui l'interrogent à présent veulent comprendre. Comprendre pourquoi Tony, après cette rencontre, a évité sa maîtresse. Pourquoi il est parti précipitamment en vacances avec sa femme et sa fille. Pourquoi, après la mort de Nicolas, le mari d'Andrée, Tony prétend qu'il n'a pas reçu les lettres qu'elle lui écrivait. Pourquoi, le jour du drame, il était injoignable. Tony ne répond pas aux questions mais revoit les mois écoulés depuis leur dernière étreinte dans la chambre bleue. «Tu te rendrais libre aussi ?» Pour le jury qui s'apprête à condamner Tony, la réponse ne fait pas de doute...
Un Simenon inconnu, où l'on retrouve toutes les qualités qui ont fait de cet écrivain l'un des auteurs majeurs du XXe siècle : une intrigue forte, des personnages denses, une construction exemplaire. Sans oublier cette faculté qui lui est propre d'immerger le lecteur dans un univers dès les toutes premières lignes.
Un grand roman à découvrir. Apre, trouble, d'une incroyable modernité.
- Je t'ai fait mal ?
- Non.
- Tu m'en veux ?
- Non.
C'était vrai. A ce moment-là, tout était vrai, puisqu'il vivait la scène à l'état brut, sans se poser de questions, sans essayer de comprendre, sans soupçonner qu'il y aurait un jour quelque chose à comprendre. Non seulement tout était vrai, mais tout était réel : lui, la chambre, Andrée qui restait étendue sur le lit dévasté, nue, les cuisses écartées, avec la tache sombre du sexe d'où sourdait un filet de sperme. Etait-il heureux ? Si on le lui avait demandé, il aurait répondu oui sans hésiter.
L'idée ne lui venait pas d'en vouloir à Andrée de lui avoir mordu la lèvre. Cela faisait partie d'un tout, comme le reste, et, debout, nu lui aussi, devant le miroir du lavabo, il tapotait sa lèvre avec la serviette imbibée d'eau fraîche.
- Ta femme va te poser des questions ?
- Je ne crois pas.
- Elle t'en pose parfois ?
Les mots n'avaient guère d'importance. Ils parlaient pour le plaisir, comme on parle après l'amour, le corps encore sensible, la tête un peu vide.
- Tu as un beau dos.
Quelques taches roses étoilaient la serviette et, dans la rue, un camion vide rebondissait sur les pavés. Des gens parlaient, à la terrasse. On distinguait des mots par-ci par-là, qui ne formaient pas des phrases et ne voulaient rien dire.
- Tu m'aimes, Tony ?
- Je crois...