C'est un garçon bizarre, Boudard. Son destin, il ne le suit pas au cordeau, mais déambule à l'intérieur ; son long pif au vent, sa gâpette à l'aplomb de Vénus ; avec l'air d'un qui sait comment ça finit et qui s'en fout.
Ce n'est pas à proprement parler un romancier. Il lui est inutile d'imaginer puisqu'il dispose d'une inépuisable histoire : la sienne ! Il lui suffit de s'en tailler une tranche et de l'accommoder à sa façon avant de nous la servir : la taule, l'hosto, la riflette, l'après-guerre, le cinoche... Il se baguenaude dans sa mémoire, la satire sous le bras, tel un tromblon, et flingue tout ce qui passe à portée. Son tableau de chasse est l'un des plus réjouissants qui soient...
Alphonse sait tout de l'homme et le dit en se délectant ; précisant le trait de ses notations acérées ; oublieux de toute charité ; père Fouettard sans illusions qui rosse pour punir ses contemporains de leur sottise tout en sachant qu'ils ne s'amenderont jamais.
Frédéric Dard.