Maître et chien

Thomas Mann (1875-1955) vivait encore en Allemagne lorsqu'il adopta Bauschan, un chien d'arrêt à poil court avec une robe d'un beau brun roux tigré de noir. Pas tout à fait de pure race, mais intelligent, enjoué, loyal, exubérant dans sa tendresse, émouvant dans son naïf dévouement.

L'idylle fut si parfaite entre le maître et le chien qu'en 1918 Thomas Mann éprouva le besoin de raconter ce compagnonnage heureux. Ainsi naquit ce livre plein de saveur et d'humour. Pour une fois, l'écrivain dont l'œuvre romanesque fut d'une telle exigence littéraire, dont les combats politiques contre l'hitlérisme firent dire à André Gide : «Il n'y a pas de défaillances dans son œuvre, il n'y en a pas dans sa vie», se laissa aller au plaisir du pur récit, avec un sens aigu de l'observation, une émotion sans fard et une écriture d'une parfaite et précise simplicité.

Maître et chien figure désormais au panthéon des œuvres littéraires composées à la gloire de nos animaux de compagnie.