C'est dans Les Pâtres de la nuit que Jorge Amado a le plus intensément chanté sa ville, Salvador de Bahia, ses vieilles rues, ses quais, son port et ses noctambules qui illuminent la nuit jusqu'au bout de leurs délires, de leurs désirs. En bref, jusqu'à l'aurore.
Une foule de personnages fabuleux hante ce roman : le caporal Martim, élégant, raffiné, courtois, dont Amado nous raconte le mariage plein de complications ; Curio, le sempiternel romantique toujours déchiré par quelque drame de conscience ; Tiberia, la maternelle tenancière du bordel ; Beatriz, la célèbre cartomancienne, ou Marialva, l'épouse très discutée de Martim...
Toutes ces silhouettes composent les figures d'une comédie humaine que Jorge Amado fait vivre avec une frénésie étourdissante. On ne saurait être plus concret, plus précis, plus ethnologique que lui dans l'exploration par exemple des rituels magiques des Noirs de Bahia. Mais en même temps, il parvient sans effort à une forme de connaissance des hommes, chaleureuse et universelle. Par là ce grand écrivain brésilien (né en 1912) est devenu l'un des grands classiques de la littérature contemporaine.