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En quatre tableaux et neuf proses, tout à la fois parabole, lied, court métrage et petite scène à la Jérôme Bosch, ce sont autant de Pages arrachées au Livre de Satan, où s'agitent un tortionnaire, un gardien de prison, un chien aux yeux jaunes, un père presque grabataire, une actrice immolée, un jeune homme gras - comme s'il voulait «tenir à distance les horreurs qu'il voit se dérouler dans les coulisses» - et un Dieu à l'allure d'un homme insignifiant. A vingt ans, Dürrenmatt fouillait déjà dans les «ultimes oubliettes du réel» et le fils de pasteur en révolte ouverte contre son père commençait d'explorer les trois grandes dramaturgies de son œuvre future : la torture, le labyrinthe et la représentation de Dieu.
A l'époque où il écrivit ces textes, Dürrenmatt n'avait pas encore lu Kafka, découvert seulement après 1945, mais son monde est déjà celui de La Colonie pénitentiaire, où victime et bourreau échangent leur rôle, où la filature forme la trame du tissu humain tout en donnant à la prose de Dürrenmatt l'aspect d'une toile, tissage d'une idée fixe, filet tendu contre soi-même : la torture comme moyen de connaissance, la douleur comme accès au «contre-monde».
Linda Lê.