Voici un roman-somme, peut-être le testament spirituel - heureusement ouvert au rire et à la compassion - du grand romancier anglais disparu en 1993. La ferraille dont il est question ici n'est autre que l'épée du roi Arthur. Conservée en Italie, volée par les Allemands puis par les Soviétiques, elle est bien le fil conducteur d'une traversée du siècle où, sur les pas de l'idéaliste Reg, fils d'un Gallois et d'une Russe, nous allons du naufrage du Titanic au terrorisme moderne, de la Révolution russe aux regains nationalistes, de la guerre d'Espagne à la naissance d'Israël.
On ne résume pas une pareille œuvre, qui brasse dans son torrent l'histoire et la légende, la passion et l'érudition. L'auteur de Pianistes et d'Hommage à Qwert Yulop y dresse le bilan d'un siècle qui a tout soldé : ses espoirs, ses valeurs, ses croyances. Ferraille à vendre !
Anthony Burgess, furetant parmi les mythes fondateurs, a déniché l'épée Excalibur. Epatante trouvaille : c'est avec les vieux bouts de ferraille qu'on taille les meilleurs romans.
Robert Louit, Le Magazine littéraire