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La Vie de Henry Brulard, entreprise par Stendhal en 1835 puis abandonnée et laissée à l'état de manuscrit inachevé, trouve son origine dans le même désir de raconter sa vie qu'attestaient ses Souvenirs d'égotisme. Et l'égotisme, qui est d'abord un mode d'observation et d'analyse de soi, se retrouve ici, orientant pour une part cette Vie du côté de l'autoportrait aussi bien que de l'autobiographie ; mais c'est également un roman, puisque celui qui s'appelle Henri Beyle et s'est choisi Stendhal pour pseudonyme décide de se raconter sous un nom encore différent.
L'auteur, ainsi, bouscule la tradition des mémoires : il se refuse d'ailleurs à reconstruire sa vie pour éviter de lui donner la cohérence d'un destin, et privilégie le naturel d'une écriture dénuée d'emphase. Stendhal, par cette spontanéité, veut avant tout demeurer fidèle à lui-même, et se livre au plaisir dilettante d'une création littéraire qui est un bonheur que l'on s'offre - avant de l'offrir au lecteur.