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Les médecins nazis commirent d'innombrables atrocités pour tenter de créer, selon le projet dément d'Hitler, la race allemande des seigneurs. Cependant, au cours de ses recherches, l'historien des sciences Robert Proctor a découvert que l'Allemagne nazie avait des décennies d'avance sur les autres nations dans la mise en place de réformes sanitaires que nous considérons aujourd'hui comme progressistes et socialement responsables.
Ainsi, médecins et gouvernement nazis entreprirent de lutter contre l'amiante, les radiations, les pesticides et les colorants alimentaires, tandis que, après la découverte d'un lien entre la consommation de tabac et le cancer du poumon, furent lancées de virulentes campagnes anti-tabac, accompagnées de diverses interdictions.
Toutes ces mesures s'appuyaient sur l'exemple du Führer lui-même, non-fumeur et végétarien, dont le «corps sain» devait être un modèle pour la société entière.
Cette guerre contre le cancer ne faisait pas que s'en prendre à la maladie elle-même : elle était aussi une métaphore, dans la mesure où, pour les nazis, les juifs et autres «ennemis du peuple» étaient une tumeur qu'il fallait extirper du corps de l'Allemagne.
L'ouvrage de Proctor ne fait pas que révéler, grâce à des documents et des archives inexploités à ce jour, un aspect inconnu et surprenant du nazisme, il pose aussi des questions fondamentales sur la science - un régime maléfique peut-il engendrer une «bonne science ? - ou «l'activisme sanitaire» de nos propres sociétés.