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La guerre de Troie a eu lieu : les navires grecs et leur cortège de captives vont repartir chez eux depuis le rivage de Chersonèse. Mais l'ombre d'Achille, le «meilleur des Achéens», exige qu'on l'honore du sang d'une vierge (réponse au sacrifice inaugural d'Iphigénie ?) : la victime sera Polyxène, fille de Priam et d'Hécube. Entre-temps, une autre ombre est apparue, le fantôme du frère de Polyxène, Polydore, tué par le roi thrace Polymestor, auquel ses parents l'avaient confié avec mainte somme d'or. Tout converge alors vers Hécube, la vieille reine de Troie, qu'on dirait impuissante, mais qu'assistent les ressources de la ruse et la complicité des femmes du Chœur : sa vengeance épargnera les Grecs, contre lesquels elle ne peut rien, et s'exercera pleinement sur Polymestor et ses enfants.
Loin de tout manichéisme, la pièce d'Euripide est une réflexion sur les effets de la guerre, qui révèle le cœur des hommes au moins autant qu'elle le façonne : subtilement, mais inéluctablement, les frontières vacillent entre Grecs et Barbares, entre victimes et bourreaux, entre humanité et bestialité. L'adéquation des mots, des pensées et des actes se défait et pour longtemps. Euripide est décidément un contemporain capital.