L'été de 1760, Jean de Watteville, étudiant en théologie, passe les vacances chez son oncle dans le manoir d'Ussières, près de Lausanne. Il a dix-huit ans et non sans une candeur un peu effrayée, il écoute les disputes des théologiens, calvinistes contre jésuites, le reste du temps il repose à l'ombre des cerisiers du jardin. On herborise, on reçoit Casanova ou l'historien Edward Gibbon, mais surtout on attend avec une impatience frémissante les visites de Monsieur de Voltaire, qui vient en voisin depuis Ferney. «Vieux maniaque de la tolérance», agile comme le singe, dictant ses lettres et récitant ses tragédies, un œil sur la jolie Aude, Voltaire fascine le jeune homme. Mais, sous l'apparence du bonheur, n'y aurait-il pas un gouffre, un vertige ? Sous l'allure plaisante du philosophe, les démons prêts à surgir ? Ou serait-ce la fantaisie du rêve qui se joue de lui ? L'étudiant imagine le pire. Jusqu'au scandale.
Nimbé de la lumière d'une fin d'été, le récit de Jacques Chessex étonne par sa simplicité. C'est un conte immoral.