La résurgence de l'intégrisme islamique, la persistance de la question kurde et la volonté de la Turquie d'appartenir à l'Europe donnent à Mustapha Kemal une dimension toujours d'actualité. Vainqueur aux Dardanelles en 1915, l'homme de l'indépendance face aux puissances alliées, après la Première Guerre mondiale, le révolutionnaire qui déposa le dernier sultan de l'Empire et fonda la République est bien le père fondateur de la Turquie moderne. Du fez au panama, des arabesques du Coran aux 26 lettres de l'alphabet, de la charrue au chemin de fer, l'audace de Kemal Atatürk passe par les chemins de l'Occident.
Il fallait beaucoup d'intelligence et de finesse pour retracer l'histoire d'un tel personnage, souvent complexe et parfois contradictoire : Kemal le viveur et le travailleur acharné, le charmeur et le bluffeur, l'autocrate à la recherche d'une impossible démocratie. Pari tenu. L'histoire de Kemal est ici celle d'une fascinante marche au pouvoir. Aujourd'hui comme hier, ce géant du XXe siècle reste au centre des aspirations, des contradictions et des déchirements du monde musulman, du Maroc à l'Iran.