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D'Alger à La Mecque, de Bagdad à Belgrade, l'Empire ottoman s'étendait au plus fort de son apogée sur un territoire immense. Ses glorieux sultans s'appelaient Bayezid, qui anéantit les chrétiens à Nicopolis en 1396, Mehmed le Conquérant, qui s'empara de Constantinople en 1453, ou Soliman le Magnifique, qui assiégea Vienne en 1529. Son régime tyrannique était dirigé par un conseil, le «divan», tenu assis ou à cheval, présidé par le sultan. Fondé par un peuple nomade originaire des steppes asiatiques, cet empire recueillit l'hérédité de l'Empire romain d'Orient. Officiellement musulman, il régna sur des millions de sujets chrétiens et accueillit à bras ouverts les Juifs chassés par l'intolérante Europe de la Renaissance. Redouté pour sa puissance militaire, il garantit la paix à des régions comme les Balkans, le Proche-Orient et l'Afrique du Nord. Face à ces Barbares qui le menaçaient jusqu'à ses frontières et contre lesquels il lança d'incessantes croisades, l'Occident resta partagé jusqu'au XVIIIe siècle entre peur et fascination. Puis, au XIXe siècle, il prit enfin sa revanche en sabotant les tentatives de réforme de l'État turc et en lui barrant la route de l'Union européenne.
À l'heure où la Turquie semble désireuse de renouer avec la sphère d'influence de l'ancien Empire ottoman, Alessandro Barbero éclaire d'une autre vérité historique un prétendu «choc des civilisations». Cette histoire des Ottomans, des Seldjoukides au XIe siècle à Mustafa Kemal au XXe siècle, insiste sur les paradoxes d'un empire qui remettent en cause nos certitudes d'Occidentaux.