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En 2001 à New York, un professeur d'Harvard, spécialiste d'histoire afro-américaine, fait l'acquisition d'un étrange manuscrit. À l'issue d'une minutieuse enquête, il publie l'année suivante ce qui s'avère être le premier roman écrit aux États-Unis par une esclave ayant réussi à s'échapper, et très certainement le premier livre écrit par une Noire, avant même la guerre de Sécession.
Ainsi, dans les années 1850, à l'époque de l'immense succès de La Case de l'oncle Tom, oeuvre d'une Blanche, une femme noire rédigeait dans l'intimité de sa chambre une autobiographie romancée qui ne connaîtrait le succès qu'un siècle et demi plus tard. Loin de la Caroline du Nord, elle avait enfin conquis sa liberté dans le New Jersey où elle était devenue institutrice au sein d'une communauté afro-américaine.
Le joug s'était fait d'autant plus lourd pour la narratrice qu'elle avait pu recevoir une réelle instruction. Si son manuscrit tient du roman gothique et sentimental, s'il est fortement imprégné par la lecture clandestine de Scott et Dickens dans la bibliothèque des maîtres, c'est avec un talent bien à elle, par-delà les rebondissements de la fiction, qu'Hannah Crafts décrit l'esclavage au quotidien.
«Ai-je réussi à rendre les aspects si particuliers de cette institution ?» se demande-t-elle. Il n'y a pas à en douter : Autobiographie d'une esclave nous fait directement pénétrer dans la conscience et le coeur d'une ancienne esclave qui, à la veille de la guerre de Sécession, a choisi le roman populaire pour décrire et comprendre le monde impitoyable qu'elle avait fui.