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Nous sommes dans l'Italie du XVe siècle. Au rebord d'une fenêtre, un pot de majolique, à décor de feuilles et au beau reflet métallique. Venu de la région de Valence, il abrite une plante ornementale. Sur un bureau, à côté de ciseaux, de lunettes, de plumes, un, deux, trois encriers sont disposés. L'un, importé depuis la Syrie mamelouke à Venise, est de bronze damasquiné, l'autre, de verre plus ou moins précieux, alors que le dernier, en faïence, a été fabriqué en Italie, à Faenza. Sur un lit, des courtepointes, des oreillers empilés ; autour, des courtines ; une débauche de velours, de taffetas, et puis des cordons d'or, des franges et des motifs brodés, du vert, du cramoisi, du pourpre. Accroché à proximité, pour veiller sur les dormeurs, un tableau montrant une Vierge à l'Enfant ; plus loin sur le mur, un miroir. Dans la chambre encore, des coffres, dont les panneaux peints narrent des histoires, et des tapis d'Anatolie ou du Caire. Dans la grande salle, sur la table installée pour un repas d'apparat et sur le dressoir, une profusion inédite de verrerie et de vaisselle.
Ces objets sont au coeur de notre enquête, qui veut leur rendre une vie oubliée, en s'interrogeant sur les pratiques qu'ils autorisent, sur les liens qu'ils entretiennent avec ceux qui les façonnent, les achètent, les utilisent, les font circuler.
Meubles, tissus, vases et fourchettes racontent une histoire anthropologique de la Renaissance : celle, aussi importante que les triomphes des arts et de l'humanisme, des transformations de la culture matérielle, celle d'une Italie ouverte vers les ailleurs.