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Sur la question de la radicalisation du religieux, les salafistes djihadistes concentrent toute notre attention. Or ils ne sont pas les seuls à constituer une menace : il faut aussi s'intéresser aux téléprédicateurs du Conseil évangélique de Trump, aux juifs radicaux du « Grand Israël », aux extrémistes bouddhistes et hindouistes... Dans notre monde globalisé, on doit en réalité parler des radicalismes religieux au pluriel.
Tous reposent sur le même triptyque d'intolérance : une foi, une terre, un peuple, s'appuyant sur une réécriture victimaire de l'Histoire et légitimant une violence vengeresse « sanctifiante » - à l'instar des kamikazes salafistes qui se croient promis au paradis ou de ces pasteurs et prêtres américains justifiant le meurtre de médecins avorteurs.
S'ils partagent de nombreux points communs, tous ne visent pas un objectif planétaire. Mais tous redessinent la géopolitique moderne, tandis qu'au sein des sociétés, les poussées radicales sapent chaque jour un peu plus l'égalité entre les hommes, les droits des femmes, des minorités, excluant l'« Autre » du champ politique quand il ne s'agit pas purement et simplement d'épuration ethnique...
Face à ces dangers, il est temps de cesser de traiter les religions sous l'angle de la liberté de conscience et de les considérer en termes politiques. Les mêmes appels à l'exclusion proférés par des néonazis ou des suprémacistes seraient immédiatement condamnés : pourquoi faudrait-il les tolérer quand ils sont tenus par des religieux, quelle que soit leur « chapelle » ?