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Henry James, le plus grand romancier américain de son époque, a durant toute sa vie voyagé en Europe comme dans son pays natal, pour promener « un désir aux yeux ouverts », désir de noter tout ce qui pouvait alimenter ses sensations, son érudition, son inspiration et ses fictions. Il a rassemblé ses notations considérables dans de mémorables essais et récits de voyage.
Sous le titre de Voyages d'une vie se trouvent ici regroupés trois grands volumes : Heures anglaises (1905), Heures italiennes (1909) et La Scène américaine (1907). Heures anglaises et Heures italiennes sont des recueils de textes écrits au fil du temps, avec d'admirables variations d'humeur au gré des époques. Les « livres d'heures » étaient, à la fin du Moyen Âge, des manuels de dévotion privée ornés d'enluminures. Or c'est bien une dévotion que James éprouve pour ses deux pays de prédilection : l'Angleterre, qu'en quelque sorte il a épousée, et l'Italie, qui est comme sa maîtresse idéale. Dans les Heures italiennes, il célèbre la « bienheureuse péninsule » sous ses aspects et dans ses profondeurs les plus intimes, les plus ardents, et aussi les plus sensuels.
La Scène américaine est le fruit d'un périple d'une douzaine de mois qu'accomplit James en Amérique à partir d'août 1904 après plus d'une vingtaine d'années d'absence, ou plutôt, comme il l'écrit, d'» absentéisme ». Il avait quitté un New York encore quasiment provincial. Il y découvre le surgissement des gratte-ciel, les flots d'immigrés de toutes origines, les constitutions de fortunes colossales, bref, l'explosion du XXe siècle et les prémices de la future domination planétaire des États-Unis. Ici comme en d'autres lieux, la perspicacité du regard de l'écrivain a quelque chose de prémonitoire, et par là d'intemporellement actuel.