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«On connaissait le Boudard de la langue verte et de la verve populaire, ce livre révèle un Boudard plus intime, sensible et révolté, un magnifique écrivain français», pouvait-on lire sur la couverture de Mourir d'enfance. Pour ce roman, dans lequel il évoquait ses années de jeunesse et ses relations avec sa mère, l'auteur de La Métamorphose des cloportes reçut en 1995 le grand prix de l'Académie française. Alphonse l'enfant délaissé, le gamin des rues de Paris, le combattant, le tubard, le voyou, le taulard, l'écrivain à succès connaissait sa dernière incarnation.
Avant de disparaître, en 2000, à l'âge de soixante-quatorze ans, Boudard devait encore publier L'Étrange Monsieur Joseph, portrait d'un singulier personnage rencontré en prison, ferrailleur juif, «embrouilleur professionnel», pourvoyeur de métaux pour les nazis, voguant de façon ambiguë entre la Gestapo et l'armée des Ombres. Aujourd'hui, ces ouvrages, auxquels s'ajoute La Fermeture, paru en 1986 et consacré aux maisons closes («J'ai toujours vécu avec ces histoires de bordel en toile de fond, disait Boudard, parce que ma mère se défendait comme ça»), sont réunis en un volume.
Se glissant tour à tour dans la peau du romancier, du biographe et de l'historien des moeurs, Alphonse Boudard y évoque, avec sa truculence et sa plume superbe, cette période courant de l'avant à l'après-guerre en passant par les années d'occupation - une période qui le fascinait autant que les individus qu'elle avait générés.