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C'était un homme à la conscience paisible, chimiste de son état, né dans une famille de Juifs assimilés, «nobles, inertes et rares», établis depuis longtemps dans la région de Turin, et qui cultivaient l'amour des livres. Le désastre d'une Europe livrée aux puissances du mal l'a déraciné, autant qu'on peut l'être, et a jeté cet «homme normal, doué d'une bonne mémoire», dans la peste d'Auschwitz où il a connu l'expérience la plus anormale qu'un homme puisse connaître. Pendant tout le temps de sa déportation, «penser et observer» ont été les principaux facteurs de sa survie.
Primo Levi, qui avait eu des talents d'écriture dans sa jeunesse, décida à son retour de témoigner de ce qu'il avait vécu à Auschwitz et de «méditer sur ce qui s'était produit». Livre après livre, depuis Si c'est un homme jusqu'à Maintenant ou jamais en passant par La Trêve, hanté par la présence sans visage des damnés d'un siècle infernal, l'écrivain a mené sa réflexion jusqu'aux frontières de l'humain, explorant même la «zone grise», «cet espace qui sépare (pas seulement dans les Lager nazis !), les victimes des persécuteurs».
Au printemps 1987, cet homme tranquille, qui avait manifesté une si violente volonté de vivre pendant qu'il était à Auschwitz, se jette dans la cage d'escalier de son immeuble, à Turin. Peu après sa mort, l'écrivain Claudio Magris avait écrit en guise d'adieu : «Nous ne pouvons qu'embrasser Primo Levi et le remercier pour nous avoir montré, par sa vie, de quoi pouvait être capable un homme, de nous avoir appris à rire même de sa monstruosité et à ne pas en avoir peur.»
Daniel Rondeau